Le couteau, par Fanny Coquard
S'inspirant du recueil de poésie Le parti pris des choses
de Francis Ponge, les élèves de Bac Pro Travaux Paysagers de la
promotion 2006/2008 ont expérimenté l'écriture "en s'inspirant de"
Le couteau
La viande est fraîche, banale coupure, tranchée à vif.
Tôt le matin, lame de chagrin, un doigt blessé, coup d'écorché sur le levier. Coup de malchance, sa malveillance est sans motif. Passer le mal, de l'arme fatale, un coup d'eau froide sur ma blessure.
Tôt le soir, lame d'espoir, l'écorchure soignée, sans faire de taches.
Le lendemain, la viande est fraîche, banale coupure, tranchée à vif.
Le couteau rangé, sans dramaturge, ne découpe plus.
Malgré moi, il m'effraie, et pourtant il m'attire, comme un diamant, brillant à la lumière qui réfléchit sur mon visage.
La viande est fraîche, banale coupure, tranchée à vif.
Je la serre contre mon corps. La froideur de mon arme; les larmes aux yeux, je m'attriste de cette rencontre glaciale. Mon cœur est brisé, le couteau a coupé. De sang froid, je m'écroule sur le tapis blanc encré de rouge.
La viande est fraîche, banale coupure, tranchée à vif.
La lame a tranché, l'âme s'est envolée.